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AVRIL 1091. l4*T
Le lundi 29 dudit mois d'avril, comme un prestn» chantoit messe dans l'eglise* Saint Berthelemi ù Pari», on aperecut quelques croix sur la nappe dc laquelle l'autel estoit couvert. Aprés disner, sur le bruit qui couroit partout que ces croix, apparoissoient cn divers lieus et eglises, et mesme à Saint Berthelemy, je m'y fus proumener par curiosité, pour voir le mistere, et en dire ma râtelée comme les autres. Estant là, je vis un homme d'église qui donnoit un mouchoir dc grosse-toile à baiser, sur lequel on disoit qu'il y en avoit une; mais je n'en vis aucune trace ni apparence. Elle pouvoit possible estre effacée, à cause de la multitude du peuple qui l'avoit baisée : ce que je ne fis, me contentant sans baiser de n'avoir rien veu sur ledit mouschoir autre chose que sur le mien. Et me retirant tout doucement de la presse, parmi laquelle il y a souvent du politique sur les rênes, principalement où il s'agist de quelque nouveau miracle comme cestuici, m'en retournai tout doucement en ma maison.
Ce jour, nostre maistre de Cœilli, curé de SaintGermain de l'Auxerrois, alla trouver M. de Grammond (0, pour s'excuser à lui du rapport qu'on lui avoit fait (et disoit - on que c'estoit madame de Montpensier) que ledit curé, pendant le siege de Chartres où ledit seingneur estoit enfermé avec les autres, l'avoit presché en plaine chaire comme traistre et politique; dont ledit Grammont s'estoit fort offensé et scandalisé, ct avoit demandé à parler à lui pour scavoir
(-) .V. de Grammond : Antoine cointe de Gramont, fil* de Philibert de Gramont et de Diane, dite la belle Coritande, qui avoit été maitresse de Henri rv. Le Roi l'ayant quittée, Antoine de Gramont s'étoit jeté dans le parti de la Ligue.
IO.
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